Grenoble. Jean est le dernier créateur de gants : « Un métier qui va disparaitre »

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La fabrique artisanale du gant est une tradition dans la capitale des Alpes qui remonte au milieu du 19ᵉ siècle. 

La tradition s’essouffle en raison d’un travail difficile, minutieux et mois rentable que la fabrication industrielle.

Un homme se bat pour que vive son métier et son savoir-faire. Rencontre avec Jean Strazzeri, le dernier gantier de Grenoble.

Deux heures pour faire une paire de gants

Lorsque l’on déambule dans le centre-ville de Grenoble, difficile d’imaginer que derrière cette vitrine, se cache un art ancestral

À la Ganterie Lesdiguières, Jean, accompagné de sa fille, accueille chaque client ou curieux avec un sourire et une farouche envie de défendre la ganterie artisanale. « Cela fait 60 ans que je fais ce métier et je ne compte pas m’arrêter », sourit le Grenoblois de 74 ans.

Son quotidien est rythmé par la coupe et la couture des gants. « On travaille le cuir de chevreau pour en faire de gants. Il me faut deux heures pour créer une paire », explique le commerçant.

Jean Strazzeri
Des gants de plusieurs coloris sont proposés dans la boutique. (©Ugo Maillard / actu Grenoble)

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« Je veux que tous les Grenoblois portent nos gants »

La rencontre avec Jean se déroule à la fin de ce mois de janvier. « C’est le rush pour nous », sourit la fille du maître gantier.

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Durant l’hiver, la Ganterie Lesdiguières vend entre 3 000 et 4000 paires de gants. Des créations simples ou fantaisies vendues entre 85 et 200 euros. 

Le prix de nos matières premières augmente, mais je continue de vendre les gants à des sommes en-dessous de leur réelle valeur. Je veux que tous les Grenoblois puissent porter nos paires.

Jean StrazzeriMaître gantier

Sacré Meilleur ouvrier de France

Un produit entièrement fabriqué en France que Jean est le seul à réaliser désormais. La peau est récupérée dans les abattoirs de la région grenobloise puis transformée dans un atelier à Fontaine (Isère).

Un travail d’orfèvre qui a valu de hautes distinctions à Jean. Le Grenoblois est sacré Meilleur ouvrier de France (Mof) en 2000, une première pour un gantier, puis en 2010, il reçoit la Légion d’Honneur par le ministère du Travail.

Des distinctions qui font la fierté d’un homme humble au regard malicieux : « C’est vrai que le liseré bleu-blanc-rouge va bien sur ma tenue ».

Jean Strazzeri
À 74 ans, Jean Strazzeri ne compte pas partir en retraite. (©Ugo Maillard / actu Grenoble)

Monsieur Jean

Installé debout sur son poste, preuve s’il en fallait une que le métier de gantier est physique, Jean Strazzeri, retrace son parcours.

« J’ai eu mon CAP de coupeur en 1967 alors que je n’avais que 17 ans. Ma famille était modeste, il a fallu que je travaille jeune pour aider mes frères et sœurs », se souvient le natif d’un petit village italien, non sans émotion.

Grenoble, capitale mondiale de la ganterie

L’industrie de la ganterie à Grenoble a employé jusqu’à 32 000 personnes dans la ville, au milieu du 19ᵉ siècle. Les productions réalisées dans la capitale des Alpes étaient exportées au quatre coins du monde.

Il intègre alors la boutique Lesdiguière à Grenoble qui emploie, à l’époque, une cinquantaine de personnes. Dans les années 1960, la ganterie grenobloise est en plein essor et profite des Jeux Olympiques de 1968 pour se lancer dans la confection de gants de ski.

Le patron de l’époque adore Jean, au point de le nommer « Monsieur Jean ». Ce dernier reçoit un coup de fil du directeur de la ganterie lui proposant de reprendre l’affaire.

Monsieur Jean devient propriétaire et directeur de la ganterie Lesdiguières en 1979 et va affronter le plus grand défi des gantiers de Grenoble : faire perdurer le savoir-faire.

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Une volonté de transmettre 

Avec ses grands gestes dignes d’une pièce Feydeau, Jean évoque son dernier combat, la transmission.

« Je veux que les jeunes apprennent ce métier et qu’ils l’aiment », expliquent l’homme de 74 ans en se retournant vers la lycéenne en stage dans son magasin. 

Sa force de persuasion a poussé le lycée du Dauphiné, à Grenoble, à ouvrir une classe spécialisée pour la couture et la ganterie. Un succès supplémentaire pour Monsieur Jean.

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