Grenoble Start-up : « Lancez-vous, on ne vous lâchera pas

C’est un appel. Une invitation forte lancée par Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance, à la tribune de tech&fest, à oser l’entrepreneuriat. « Lancez votre start-up, on ne vous lâchera pas ! », a promis ce jeudi celui qui dirige la Banque publique d’investissement. Un soutien de taille quand on sait qu’en 2022, la banque des entrepreneurs a injecté 67 milliards d’euros dans le financement de l’économie française…

Et quoi de mieux que de lancer cet appel depuis la capitale des Alpes ? « Parce que Grenoble, c’est le laboratoire de la France du futur », estime Nicolas Dufourcq.

La conviction de Bpifrance, c’est que « la plupart de nos concitoyens, qui se lèvent à six heures le matin pour travailler, se disent qu’ils sont passés à côté de quelque chose dans leur vie, parce qu’ils n’ont pas un projet réellement personnel. Un projet qui peut être d’entreprise ou associatif d’ailleurs. Et nous, ça tombe bien, on est là pour eux », nous a-t-il confié. D’abord, « en finançant 300 associations d’accompagnement à la création d’entreprise en France, qui ont elles-mêmes 80 000 bénévoles, véritables coachs de création d’entreprise.

« En France, s’il y a une super Californie qui s’ignore, c’est bien Grenoble »

Ensuite, vous créez votre entreprise, vous avez tout de suite accès à une boîte à outils comme des prêts à taux zéro (prêts d’honneur). Si vous êtes dans la technologie, vous allez avoir la boîte à outils de la French tech qui est très profonde, avec des bourses, etc. ».

En un mot, « lancez-vous, venez nous voir. On sera là. » Surtout pour les chercheurs qui voudraient tenter l’aventure car, dit-il, « il y a tout pour réussir et peu de risques. Au pire essayez. Si ça ne fonctionne pas, vous reviendrez nous voir. C’est uniquement dans les tripes. Et qui sait, ça peut marcher et faire des entreprises extraordinaires. C’est comme ça que toutes les entreprises françaises innovantes ont démarré ». Et Bpifrance œuvre pour qu’elles soient de plus en plus nombreuses. « En janvier 2019, nous avons lancé un Plan deeptech dont l’objectif est de passer de 100 start-up créées chaque année dans les laboratoires de recherches en France, à 500. Aujourd’hui, on est à 350 deeptech créées annuellement par des chercheurs et des entrepreneurs, et environ 10 % viennent d’ici. La richesse de ce territoire est extraordinaire, on observe donc avec attention tout ce qui se passe à Grenoble. J’ai toujours dit que la France était une Californie qui s’ignorait. En France, s’il y a une super Californie qui s’ignore, c’est bien Grenoble. Et vu la quantité de science qui s’y trouve depuis une vingtaine d’années, on aurait pu imaginer créer beaucoup de grands groupes technologiques de dimension mondiale », assure Nicolas Dufourcq. Qu’est-ce qui a coincé alors ? « La culture entrepreneuriale. Le désir d’entreprendre, au-delà de la science. Le moment est venu ! »

Un autre message que le patron de Bpifrance est venu porter : la réindustrialisation. « On ne va pas relocaliser des choses qui sont parties, on va localiser toute la nouvelle industrie, celle qui se base sur l’hyper innovation. Chez nous, Verkor est un exemple. Il y a aussi beaucoup d’entreprises de la vallée de l’Arve qui sont très innovantes et qui vont avoir, à l’intérieur, d’elles-mêmes des start-up ».

Et pour participer à cette réindustrialisation, « il est très important que les réseaux bancaires territoriaux se mobilisent », plaide le dirigeant. « C’est une très bonne nouvelle par exemple de voir deux grandes banques mutualistes du territoire au capital de Vulkam, qui a fait une levée de 34 millions d’euros récemment. Vulkam, c’est la nouvelle métallurgie à base de matériaux amorphes. C’est de la grande science de Grenoble et trouver des réseaux bancaires locaux au capital, ça, c’est formidable. Et ça doit se développer ».