FOCUS – C’est une procédure historique et rarissime, une première à Grenoble. Le procès en béatification de l’abbé Gerin, ancien curé de la cathédrale Notre-Dame (de 1835 à 1863), s’est ouvert samedi 25 novembre 2023. La première étape d’un longue enquête sur la vie de ce prêtre très populaire. Un processus qui pourrait conduire in fine à sa canonisation – c’est-à-dire sa reconnaissance comme saint – par le pape, dans les années à venir.
Cent soixante ans après sa mort, l’abbé Gerin sera-t-il canonisé un jour, et donc reconnu comme « saint » par le pape ? On n’en est pas là et avant cela, il devra d’abord être déclaré « bienheureux » par le Vatican. C’est tout l’objet du procès en béatification du prêtre isérois, qui s’est ouvert, samedi 25 novembre 2023, à la cathédrale Notre-Dame. Un évènement « historique » à Grenoble où il n’existe aucun précédent connu, selon le diocèse.
La conférence des évêques de France a ainsi donné son accord, tout comme le Saint-Siège, au coup d’envoi du processus. Avec, pour commencer, une grande enquête sur la vie de l’abbé Gerin. Né en 1797 aux Roches-de-Condrieux, près de Vienne, Jean Gerin, grande figure du catholicisme local, a officié toute sa vie en Isère. Il fut curé de la cathédrale Notre-Dame durant 28 ans, de sa nomination en 1835 jusqu’à son décès en 1863.
« Sa tombe au cimetière Saint-Roch est toujours fleurie depuis 160 ans »
Pourquoi ce procès en béatification ? « D’abord pour sa vie. Il n’a jamais cessé de s’occuper des pauvres et de toutes les formes de détresse et de précarité : orphelins, malades, femmes seules, prisonniers« , raconte l’historien Gilles-Marie Moreau, président de la commission historique et auteur d’un livre sur l’abbé Gerin (aux éditions L’Harmattan). D’où « une popularité immense de son vivant« . Surnommé le « bon curé », le prêtre était « aimé de tous, des pauvres comme de la haute société« .
On en arrive ainsi à la deuxième raison : l’abbé Gerin est resté aussi populaire après sa mort. « Pour ses obsèques, les rues étaient noires de monde à Grenoble« , souligne l’historien. « Depuis, sa tombe, située au cimetière Saint-Roch, est toujours abondamment fleurie et décorée, de façon ininterrompue, depuis 160 ans. Il y a même des époques où le tombeau était totalement recouvert. Et on ne sait pas qui apporte ces fleurs aujourd’hui.«
Une longue enquête et un rapport « complet et impartial »
Durant la phase diocésaine (locale) du procès, Gilles-Marie Moreau aura donc à lire, étudier et classer tous les écrits de l’abbé Gerin. Une longue enquête, qui devrait durer plusieurs années. « La commission historique doit explorer toutes les archives et rendre au tribunal un rapport aussi complet et impartial que possible, même au risque que ça bloque la procédure« , explique-t-il.
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