« Le dernier grand monument qui s’envole », pleure, désabusé, Albert Koffler, le président du Comité du Bas-Rhin d’athlétisme, en référence à Jean Ritzenthaler et à toute cette génération qui a porté si haut l’athlétisme en Alsace au cours du gros demi-siècle écoulé.
À Obernai, ou plutôt Goxwiller, où il a vécu près de 59 ans de complicité avec son épouse Lisa, elle-même longtemps membre du comité des SRO, Jean Ritzenthaler avait surmonté un cancer de la gorge. Alors qu’il y a trois mois, un scanner n’avait rien décelé, tout est allé trop vite. Un poumon avait cessé de fonctionner.
On n’imagine pas la vie sans Jean Ritzenthaler, professeur d’EPS, puis responsable d’animations sportives pour Jeunesse et Sport, Conseiller Technique Sportif et enfin entraîneur national de javelot, avant de remettre tout son savoir au service de son club, jusqu’à former ses successeurs. « Ça va être difficile de ne plus le voir sur une aire de lancer », regrette Albert Koffler. Surtout à Obernai où l’image faisait partie du quotidien.
« Notre père spirituel, notre référent, la personne en laquelle tout le monde avait le plus grand respect, énumère la présidente Laurie Schaeffer-Liess. On essayera de continuer à vivre car il faut perpétuer tout ce qu’il a fait. »
«Incontournable dans le javelot français »
Et de relever avant tout ses qualités humaines. « L’autre jour, un sprinter me disait que Jean avait toujours un mot sympa pour lui, alors qu’il ne l’entraîne pas. Jean était ainsi envers tout le monde. »
Responsable du Pôle espoir de javelot à Strasbourg, mais aussi de la discipline au niveau national, Jacques Danail est un des mieux placés pour évoquer la carrière de Jean Ritzenthaler.
« Je l’ai connu très jeune, puis j’ai été cadre technique avec lui. Droit, rigoureux, pragmatique, avec le sens des valeurs, il était un peu notre père à tous, incontournable dans le javelot français. Une sommité. »
En tant qu’entraîneur national, l’Obernois a emmené Pascal Lefèvre, Charlus Bertimon et Stéphane Laporte, le toujours détenteur du record de France, jusqu’aux Jeux olympiques, de même que, à trois reprises, sa lanceuse du club, Nadine Schoellkopf (puis Auzeil), suivie de Sarah Walter, dont le record national a tenu jusqu’en 2016 et qui a connu son apogée en se qualifiant pour les Mondiaux 2003 à Paris.
« Je l’appelais régulièrement », raconte Jacques Danail, dans le souci de faire progresser ses lanceurs, Rémi Conroy et Teurai’tera’i Tupaia en tête. « Pour moi, c’était un privilège de bénéficier de ses conseils de sage. Nous devrons tous essayer d’être à la hauteur de ce qu’il était. »
Comme tout le monde, Jacques Danail conclut et insiste en parlant de l’homme. « Discret, humble, toujours le mot gentil, pour qui que ce soit. » Un grand homme.
Les DNA adressent leurs sincères condoléances à son épouse Lisa, à son fils Philippe, ingénieur en papeterie à Grenoble, et à tout son entourage.
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