Retraite bien méritée pour Guy Tosatto, après 21 ans passés à la tête du musée de Grenoble

A bientôt 65 ans, dont 40 passés au service de l’Art, et 21 à la tête du musée de Grenoble, Guy Tosatto partira à la retraite à la fin de l’année. Il nous a reçu dans sa « deuxième » maison et c’est avec beaucoup d’émotion qu’il a accepté de nous parler de son métier et de la page qu’il s’apprête à tourner.

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France Bleu Isère – Que retenez-vous de ces 21 ans comme directeur du musée de Grenoble?

Guy Tosatto – Il ne faut pas que j’en parle trop parce que je vais être très ému, parce que c’est toujours très, très émouvant de penser à des choses qu’on a faites, qu’on a partagées surtout. Compliqué de résumer toutes ces années, mais je pense bien sûr aux grandes expositions, aux belles acquisitions aussi pour ce musée, à tous les artistes que nous avons accueillis et à cette équipe formidable qui m’a accompagné et stimulé. Et puis, je pense aux Grenobloises et Grenoblois que je ne connaissais pas, que je croisais dans la rue et qui nous disaient des mots d’encouragement, que telle exposition était formidable, et qu’ils allaient y retourner ! Ce sont des moments qui éclairent la vie, la vie d’un conservateur en l’occurrence.

Guy Tosatto, présentant l'exposition Bonnard, en octobre 2021
Guy Tosatto, présentant l’exposition Bonnard, en octobre 2021 © Radio FranceVéronique Pueyo

De quelle grande expo êtes-vous le plus fier ?

Dans le top, il y a eu « Chagall et l’avant-garde russe », avec le centre Pompidou. Ça a été notre grand score, avec plus de 140 000 visiteurs en trois mois. « Servir les dieux d’Egypte » aussi a été une aventure formidable autour des Antiquités égyptiennes du Louvre. Il y a eu aussi Picasso, Bonnard, Kandinsky. Les grands noms. Moi, c’est vrai que j’ai aussi beaucoup de plaisir à présenter des artistes moins connus du grand public, comme Morandi par exemple, avec ses merveilleuses natures mortes, ou beaucoup d’artistes contemporains, des artistes vivants comme Giuseppe Penone, Philippe Cognée, Cristina Iglesias, pour n’en citer que quelques-uns. A chaque fois, c’étaient des moments très forts pour l’équipe, ces rencontres. Les artistes nous font redécouvrir les lieux dans lesquels on travaille, les collections aussi. Et parce qu’ils ont un regard qui est leur regard si singulier, si créatif, ils réinventent un peu le monde. Et c’est une expérience formidable dans ce métier que de pouvoir côtoyer des femmes et des hommes qui vous font voir les choses autrement, les choses du quotidien autrement.

Vous êtes né à la Tronche, comme tout grenoblois qui se respecte, et vous fréquentiez beaucoup l’ancien musée de peinture, place de Verdun ?

Oui, quand j’étais adolescent, je voyais toutes les expositions. Je regardais les œuvres avec beaucoup de curiosité, beaucoup d’interrogations et je crois que ça m’a beaucoup servi. Cela a déterminé mon désir de faire ce métier. D’ailleurs, les Grenoblois n’en ont pas toujours conscience, mais le musée de Grenoble possède une collection extraordinaire, grâce à des conservatrices et des conservateurs formidables qui ont toujours été à la pointe depuis plus d’un siècle. Et cela permettait aux Grenoblois de voir des œuvres incroyables, pour un musée de province. Donc c’est vrai que moi, adolescent, j’ai grandi à l’ombre de ce musée en voyant ces expositions. Ça m’a vraiment ouvert l’esprit, cela a forgé mon regard. Mais, très sincèrement, je n’ai jamais imaginé à cette époque-là et même quand j’ai commencé mes études d’histoire de l’art, toujours à Grenoble, qu’un jour je serais le directeur du musée. Vraiment, cela ne m’avait jamais traversé l’esprit.

Une des œuvres de miro à découvrir au printemps prochain : Danse de personnages et d’oiseaux sur un ciel bleu ; étincelles, 25 mai 1968
Une des œuvres de miro à découvrir au printemps prochain : Danse de personnages et d’oiseaux sur un ciel bleu ; étincelles, 25 mai 1968© Successió Miró / ADAGP, Paris 2023 © RMN-Grand Palais / Bertrand Prévost / musée d’Art Moderne Saint-Étienne

Que nous avez-vous concocté pour votre dernière saison ?

Il y aura deux temps forts. D’abord une exposition de photos issues de la donation d’Antoine de Galbert. Une donation spécialement conçue pour le musée. Avec des clichés, parfois durs, mais qui disent notre époque, à travers le regard d’une centaine de photographes. Histoire d’images, ce sera du 16 décembre au 3 mars 2024. Et puis, du 20 avril au 21 juillet 2023, il y aura la grande exposition consacrée au peintre catalan Joan Miro, en collaboration avec le Centre Pompidou, à partir des collections du musée d’Art moderne. Donc on va présenter l’ensemble des collections de Miro, ce qui ne s’est jamais fait. Donc, c’est plus de 120 œuvres qui retracent le parcours de l’artiste et je pense que ce sera magnifique.

C’est votre deuxième maison ici, il va falloir en partir. Cela va vous faire bizarre ?

Oui, c’est sûr, cela va être difficile. Pendant que l’on se parle, nous sommes en face de ce magnifique triptyque de Joan Mitchell. Quelle énergie! Cette artiste américaine qui s’était installée à Giverny par amour pour l’œuvre de Monet, j’ai eu la chance de connaitre, alors qu’elle était déjà âgée, mais elle était tellement impressionnante. Donc je suis très curieux de voir ce que mon successeur finalement, va faire de cette collection. Que va-t-il proposer dans les années qui viennent? Ce sera forcément différent de ce que j’ai pu faire et cela enrichira l’histoire du musée avec une autre sensibilité, un autre regard, une autre approche de la création.

Alors, qu’allez-vous faire, quand vous serez à la retraite ?

J’ai très envie en tout cas de profiter du temps que je vais avoir, c’est un luxe fabuleux d’avoir du temps devant soi. Pour voyager. Pas forcément, aller jusqu’au bout du monde, non, mais dans les environs proches, rendre visite aussi aux collègues dans leur musée. Peut-être écrire un peu aussi sur ce qui me passionne, notamment les artistes d’aujourd’hui.

Une des photos de la donation Antoine de Galbert, pour l'exposition histoire d'images, à la fin de l'année
Une des photos de la donation Antoine de Galbert, pour l’exposition histoire d’images, à la fin de l’annéeMathieu Pernot, Mohamed Abakar, Mólyvos, Lesbos, 2020 © ADAGP, Paris 2023

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