David Desgouilles : le club de Sochaux doit sa survie à « Freddy le grand frère »

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Lundi 8 avril – 23h00

Nous nous étions quittés au soir de la victoire du côté d’Avranches alors que le jeune Martin Lecolier avait inscrit le but de la victoire dans les dernières secondes du match. Depuis, c’est une longue convalescence qui s’est poursuivie en ce début de printemps. L’équipe a commencé par retomber dans ses travers en chutant à domicile face à Châteauroux, avant de friser la catastrophe dans le Grand Ouest lyonnais, menée de deux buts à la pause. Il s’est sans doute passé quelque chose lors de ce quart d’heure dans le vestiaire de Chasselay puisque, en revenant sur la pelouse, les joueurs étaient métamorphosés et parvenaient à arracher le match nul.

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Quelques jours plus tard, dans le Beaujolais, les Sochaliens ne décrochaient qu’un nouveau point face à Villefranche, mais son football offensif était vraiment de retour, dans la continuité de la seconde période du déplacement précédent.

En ce lundi soir, ils régalaient de nouveau leurs supporteurs grâce à une victoire 4-1, devant le rival nancéen de surcroît. Désormais à trois points du minimum requis pour se maintenir, la sérénité était revenue dans les travées de Bonal, d’autant que de bonnes nouvelles bruissent à propos de l’engagement de ses principaux actionnaires locaux, et que la SCIC filiale dédiée à la formation est désormais sur les rails.

Freddy « le survivant »

Mardi 9 mars – 15h00

C’est donc dans ce contexte apaisé que je suis reçu dans un salon de Bonal par Freddy Vandekerkhove. Si le lecteur a suivi le FCSM ces 25 dernières années, il peut sauter quelques lignes ; sinon, il nous faut vous le présenter. Freddy est ce qu’on appelle une personnalité emblématique du club. D’ailleurs, il figure parmi les plus anciens, voire le plus ancien. Arrivé en 1999, avant même Jean-Claude Plessis (première période), il a occupé le poste d’intendant, avant de devenir ces dernières années « Team manager ». L’habitué de ces colonnes connaît mon peu de goût pour les expressions anglaises, mais Freddy m’explique la différence : l’intendant s’occupe de l’aspect matériel, des équipements de joueurs, de la préparation du vestiaire ; le « Team manager » gère toute la logistique des déplacements, des repas, les lieux de stage d’avant-saison.

Dans un club comme Toulouse en Ligue 1, m’explique-t-il, les rôles sont bien séparés et le « Team manager » est le patron de trois intendants. À Sochaux, Freddy, s’il a le statut le plus élevé, gère tout simplement les deux rôles à la fois. Sa mission, c’est aussi d’accueillir les nouveaux joueurs, de leur trouver un appartement ou une maison, de tout faire pour que le joueur et sa famille se sentent chez eux le plus rapidement possible. Freddy, c’est aussi un confident, un psychologue, le gars qui va aller voir l’entraîneur pour lui expliquer que la baisse de régime d’un joueur n’a rien à voir avec un manque de volonté mais plutôt avec de réels problèmes personnels.

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Freddy joue donc le rôle de grand frère, « pas de papa » me précise-t-il, même si la différence d’âge de plus en plus importante avec les plus jeunes joueurs pourrait faire croire davantage au second qu’au premier rôle. Son poste, au carrefour des joueurs, des entraîneurs et adjoints, et du directeur sportif, en fait le pivot de la vie quotidienne du club. « Il est où, Freddy ? » doit sans doute être la question la plus posée par les joueurs, qui ont souvent quelque chose à lui demander, surtout les plus jeunes. Mais Freddy est aussi emblématique, comme indiqué plus haut, du fait de sa longévité dans le club, et de la bonhomie qu’il dégage aussi bien avec les supporteurs qu’avec ses protégés.

En vingt-cinq ans, il a tout traversé et lui plus que tout autre peut être qualifié de « survivant », depuis septembre dernier. Pensez donc ! Il a survécu à la crise de l’été dernier – « Le 14 juillet, je savais que Nenking ne paierait pas car, membre du comité d’entreprise, j’avais accès à beaucoup d’informations ».

Il a survécu aux années Wing Sang Li, aux années Baskonia – « J’ai quand même appris au contact des Espagnols, notamment l’entraîneur Aira, même si j’étais évidemment rétif au concept de multipropriété ». Au moment, où le consortium basque dirige le club, il est le seul français avec Gérard Gnanhouan, entraîneur des gardiens, à parler français. Aira lui dépose même un manuel d’apprentissage de la langue de Cervantès sur son bureau.

Lorsque Wing Sang Li et les Basques se séparent en cours de saison, et qu’Omar Daf prend la succession d’Aira, ils ne sont plus que trois dans le staff technique : l’entraîneur sénégalais, Gnanhouan et… Freddy. Tous trois sur le banc lorsque le club se maintient en Ligue 2 lors de la dernière journée face à Grenoble : « Le match était à huis clos et nous entendions les supporteurs sur le parvis qui regardaient en streaming le match projeté sur un grand drap, avec deux minutes de décalage sur le match ». Enfin, il a survécu aux années Nenking et Samuel Laurent ce « personnage atypique qui disait lui-même qu’il ne connaissait rien au foot » et qui « a fait tapis la dernière année pour l’accession en Ligue 1 ; prendre un tel risque, ça ne se fait pas ».

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Freddy le grand frère, ou Freddy le survivant, quel titre sera choisi par la rédaction de Marianne, lorsque cette huitième chronique sera mise en ligne ? Les deux lui iraient comme un gant. À peine plus âgé que lui, votre serviteur a pu converser avec lui à propos de notre rapport au football et au FCSM, avant même qu’il n’en devienne salarié. Lui aussi, lorsqu’il était enfant, écoutait le multiplex d’une radio périphérique les soirs de match et ajoutait des bâtons devant les noms de clubs pour matérialiser les buts inscrits.

Lui aussi a pleuré le soir de la finale de coupe de France perdue face à Metz en 1988 : « En 2007, Michaël Madar [qui avait raté le péno décisif lors de la séance de tirs au but décisive en 88] est venu à la soirée qui a suivi notre victoire dans les mêmes conditions contre l’OM. Je lui ai dit qu’il pouvait s’estimer vengé ».

Si Freddy est si emblématique, s’il est adoré par tous les joueurs qui sont passés au club ne serait-ce qu’une seule saison, c’est qu’il symbolise désormais tout ce pourquoi le FCSM est aimé au-delà la Franche-Comté : un club familial, avec des valeurs d’humilité, de travail bien fait, et attaché à ses racines. N’est-ce pas lui qui accroche au mur du vestiaire, y compris lors des matches à l’extérieur, le drapeau comtois, pour rappeler aux joueurs les couleurs qu’ils doivent défendre ?

Vendredi 12 avril – 22h00

Bien moins en réussite que face à Nancy, le FCSM a finalement été battu (1-0) sur l’horrible pelouse synthétique de Cholet, peu propice au jeu de passes préconisé par Oswald Tanchot. Pas de quoi s’affoler, néanmoins. Cette chronique prendra fin le mois prochain, après la 34e et dernière journée de ce championnat National où, vraisemblablement, le FCSM évoluera une saison supplémentaire.

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