Métropole de Grenoble Faut-il plus de sécurité dans les transports en commun ? On ouvre le débat

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C’est l’une des lignes de bus les plus fréquentées du réseau. La plus longue aussi, de Saint-Martin-d’Hères à Eybens en passant par Grand’Place, Mistral, Saint-Bruno et l’Abbaye, entre autres. Le 8 octobre dernier, c’est sur ce trajet qu’un fait divers avait choqué. Un conducteur de bus avait klaxonné un jeune zigzagant à moto pour le mettre en garde. Lequel l’avait alors insulté puis craché à la hauteur de la vitre du conducteur avant de faire des roues arrière devant lui.

Quelques secondes plus tard, alors qu’il était en ligne avec son PC et s’engageait vers la rue Anatole-France, le conducteur racontait une scène inouïe : « On a entendu une forte déflagration. Les passagers en panique m’ont demandé de ne surtout pas m’arrêter aux arrêts suivants et se sont couchés sur le sol parce qu’ils pensaient qu’on nous tirait dessus avec une arme à feu. Je crois plutôt qu’il s’agissait d’un tir de mortier. » Le conducteur avait donc continué son trajet jusqu’au stade Lesdiguières où les forces de l’ordre étaient intervenues. Aucun passager n’avait été blessé. Un épisode de plus dans la litanie des incivilités – la semaine dernière encore, la ligne A at été attaquée au mortier d’artifice – et des délits qui entraînent un ras-le-bol généralisé des chauffeurs sur certaines lignes.

Des chauffeurs n’osent plus demander leur titre de transport aux potentiels fraudeurs

Cette ligne 12, nous l’avons donc empruntée durant quelques heures, un mercredi de vacances, avec une fréquentation bien en deçà des standards habituels (près de 300 000 passagers par mois entre mai et août 2023). À l’arrêt Vallier-Calmette, un homme, la trentaine, monte avec une bouteille ouverte, visiblement d’alcool, à la main. Il file sans accorder un regard ni un bonjour au chauffeur. Quant à poinçonner le moindre ticket… Il ne sera pas le seul à zapper la phase « bonjour » et « validation », même si l’immense majorité s’acquitte de son titre de transport.

Si tous les fraudeurs (lire ci-contre) ne sont pas fauteurs de troubles, il y a aussi ce que nous raconte un chauffeur : « Parfois, on voit des dealers emprunter cette ligne pour vendre de la drogue, descendre à un arrêt avant de remonter, quitte à bloquer le départ du bus le temps de la transaction ! Et à nous menacer si on ne veut pas l’attendre… »

« Pourquoi porter plainte ? Il ne se passe rien derrière »

S’il revient normalement aux conducteurs de demander à chacun de voyager avec un billet, plus aucun ou presque ne le réclame. Lunettes de soleil sur le nez, une bonne partie garde sa vitre de séparation relevée pour éviter de croiser un regard, d’allumer une étincelle. Beaucoup affirment ne plus signaler également les incivilités dont ils sont victimes, « les plaintes ne sont pas suivies d’effet, à quoi ça sert ? » soupire l’un d’eux.

Ce jour-là, les trajets se passeront sans encombres ; un conducteur croisé au dépôt s’en amuse : « Sur cette ligne, je préfère transporter des sièges vides que des passagers ». Lui a fermé ses écoutilles tout au long des kilomètres. Il n’a sans doute pas entendu ces appels téléphoniques passés haut-parleur ouvert ni la musique nasillarde qui s’échappe des casques et pollue l’atmosphère sonore. Il a vu, par contre, ces personnes sortir des hypermarchés les sacs pleins et prendre le bus pour rentrer à domicile, quelques arrêts plus loin, remplissant ici une fonction sociale et proposant une alternative à la mobilité automobile.

Quant aux chiffres de l’insécurité, ils semblent en réalité difficiles à mesurer. Il y a deux ans, les syndicats avaient dénoncé une envolée des incivilités, démentie par la direction de MTag. En réalité, le manque de signalements (pas forcément de délits), semble croissant chez les chauffeurs.

Selon un rapport de la chambre régionale des comptes révélé en 2023, le coût des incivilités du réseau de transports en commun grenoblois se montait en tout cas à, au moins, 8 M€ par an.

Une brigade de sécurisation plus fournie en septembre

En novembre 2022, le ministère de l’Intérieur avait décidé de la création de 77 nouvelles unités dédiées à la sécurisation des transports. Des renforts qui devaient être « progressivement mis en place jusqu’au printemps 2024 afin d’être pleinement opérationnels pour les Jeux olympiques et paralympiques », détaillait alors la préfecture de l’Isère, qui ne précisait pas quand l’unité grenobloise serait opérationnelle.

Et de fait, quand Jérôme Chappa a été nommé en octobre 2023 contrôleur général de la police de l’Isère, « je me suis rendu compte qu’elle n’avait pas encore été déployée ; ça a donc été un de mes premiers objectifs pour répondre à l’engagement du ministre de l’Intérieur ». Sauf que ladite brigade ne se décrète pas d’un claquement de doigts et c’est donc progressivement qu’elle a commencé à se déployer « avec des réservistes et des policiers titulaires. Le premier enjeu, c’était de sécuriser mais aussi d’être une sorte de « maquette » de ce qu’on pouvait déployer (à terme), de voir quels endroits présentaient le plus de difficultés, quelles étaient les demandes des passagers et des chauffeurs etc. Et nous avons pour cela une très bonne collaboration avec l’ensemble des acteurs de l’exploitation des transports ».

« 15 % de faits délictuels en moins depuis le déploiement de la brigade »

Actuellement, ce sont « une douzaine d’effectifs » par semaine qui interviennent par brigade « de trois ou quatre fonctionnaires ». Et déjà, selon Jérôme Chappa, les effets sont notables : « Depuis la mise en place de la brigade, le nombre d’heures d’interventions a été multiplié par trois et les faits délictuels sont en baisse de 15 % ». Mais c’est bien à la rentrée scolaire prochaine que la structuration de ces brigades de sécurisation des transports en commun (BSTC) rentrera pleinement en place. « Oui, quand nous aurons les effectifs après les Jeux olympiques, cette brigade sera pérennisée, quotidienne et déployée sur l’ensemble du réseau MTag, à l’intérieur des trams et des bus comme aux arrêts ». Particulièrement, évidemment, « aux lieux identifiés plus incidentogènes que d’autres ». Et d’appeler de ses vœux « un premier bilan croisé de ce que nous avons constaté, car il n’y a pas meilleurs experts que les agents de MTag ».

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