À 11h45 ce dimanche, le tribunal judiciaire de Grenoble a commencé à juger une trentaine de prévenus en comparution immédiate. Presque tous ont été arrêtés en flagrant délit de vols dans la nuit de vendredi à samedi. Les premiers n’ont pas demandé de report pour compléter leur défense.
Deux salles ont été ouvertes pour juger toutes les personnes qui doivent comparaitre, ce dimanche, lors de deux audiences simultanées, après les violences urbaines
qui ont eu lieu à Grenoble, consécutives à la mort du jeune Nahel à Nanterre, tué par un tir de police. Une trentaine de personnes sont présentées en comparution immédiate. Le procureur Eric Vaillant a tenu à remercier les magistrats et greffiers du siège, qui tiennent deux audiences dans deux salles en même temps, mais aussi le bâtonnier qui a été efficace en mobilisant une dizaine d’avocats.
Dans la salle 5, le premier prévenu, Item, a 18 ans. Il travaille depuis quatre mois en CDI chez McDonald’s. Il dit gagner 1.300 euros brut par mois. Il a été arrêté en flagrant délit de vol aux Galeries Lafayette de Grenoble. Préjudice : trois t-shirts et trois flacons de parfum, pour un montant de 350 euros. Il reconnaît les faits, mais regrette : « J’ai agi contre ma volonté, je n’avais pas conscience des représailles. »
« Des représailles ? reprend la présidente Emmanuelle Bouyé, ça s’appelle la justice« . Il reconnaît s’être « laissé entraîner par le climat du quartier ». Le jeune homme réside dans la galerie de l’Arlequin, à la Villeneuve, réputée pour être un lieu de trafic de drogues. Selon le parquet, il a été condamné par le tribunal des mineurs pour détention de stupéfiants et port d’armes, mais son casier judiciaire est vierge. Selon son éducateur, les mesure éducatives ont été positives.
Au contraire, reprend le procureur Vaillant, « on a cherché à vous aider par des mesure éducatives, c’est un échec » « L’émotion provoquée par la mort de Nahel ne permet pas de comprendre pourquoi vous êtes là« , conclut le parquet.
« La justice en cours d’être rendue à Nanterre »
« La justice est en cours d’être rendu à Nanterre, insiste le procureur. Et à Grenoble aussi, sur la base des lois qui protègent notre société. Elles protègent aussi les prévenus et les droits de la défense. La peine maximale selon le code pénal est de sept ans de prison ferme », conclut-il. Finalement, il requiert huit mois ferme avec mandat de dépôt.
Me Alfonso, l’avocat du prévenu, objecte que ce dernier est prêt à indemniser les Galeries et qu’il a déjà rendu les objets volés. Après un délibéré d’une heure, le jeune homme est condamné à trois mois de prison ferme qui seront aménagés en maintien à domicile avec bracelet électronique.
Un point de revente des objets volés
Dans la même salle 5, le deuxième prévenu est un Tunisien en situation irrégulière. L’audience est très lente, car il lui faut un interprète. Âgé de 22 ans, il séjourne à Échirolles depuis un an. Il a été interpellé dans la remise, au sous-sol, du magasin Foot Locker. Il s’y était réfugié « pour échapper à la police et au gaz lacrymogène » dit-il au tribunal. Il a été arrêté à 1h50, alors que l’alarme du magasin a retenti à 20h42. Contre lui, le parquet requiert sept mois de prison ferme, également avec mandat de dépôt. Il écope finalement de trois mois ferme avec mandat de dépôt et dormira donc en prison.
Au cours de la deuxième affaire, la présidente Emmanuelle Bouyé rapporte que la police a signalé la présence de points de stockage dans les rues du centre-ville de Grenoble dans la même nuit que les pillages. Et même d’un point de revente, dans un recoin de la rue Vicat.
Dans une deuxième salle, la 4, un jeune chef de chantier de 22 ans, en CDI, est condamné à quatre mois de bracelet électronique, pour une tentative de vol chez Boss. Le procureur adjoint, François Touret-de-Coucy, avait requis six mois ferme.
Le nom de Nahel cité par deux prévenus sur les 12 premières affaires
Le nom de Nahel, dont la mort est à l’origine des émeutes, n’a été cité que par 2 prévenus sur les 12 premières affaires. Ce qui fait dire au procureur Vaillant : « l’émotion provoquée par la mort de Nahel ne me permet pas de comprendre pourquoi vous êtes là, par bénéfice ou pour créer le chaos ? » Il s’adresse à Etem, un jeune de 19 ans du quartier de la Villeneuve. Ce garçon est en CDI chez McDo avec une promesse de formation pour devenir manager. Il est condamné pour le vol de 3 parfum et 3 t-shirt.
Bien Inséré, tout comme Fetah du Pont-de-Claix. BTS d’électrotechnique admis en licence pro qui reconnait « j’ai fait un acte débile ». Ou encore, Noel, 24 ans en CDI, puis en service civique. Ou, encore, Karaman de Voiron, Bac pro d’électrotechnique en Intérim chez Schneider qui n’a volé qu’une paire de chaussures. Aucun n’a de casier judicaire, et ils ont pris un risque sur leur avenir voler des broutilles. Ils ont tous été condamnés à 4 mois sous bracelet électronique à leur domicile qui leur permet de continuer à travailler.
Et puis sur les 12 premières affaires, il y a trois jeunes en situation irrégulière. Un tunisien, un algérien et un marocain, de 22 ans, sous OQTF, interpellés chez Foot Locker en train de voler quelque paires de chaussures ou des vêtements. Eux ont passé la nuit à Varces avec entre trois mois et six mois de prison et mandat de dépôt. Ils peuvent demander un aménagement de peine et dans ce cas il pourrait être expulsés vers leurs pays d’origine.
Un point de revente des produits volés, dans la rue Vicat, pendant les pillages
Dimanche au tribunal, la représentante des Galeries Lafayette a donné 368.000 euros comme préjudice provisoire entre la casse et les vols dans les entrepôts. Les autres commerces, Lacoste, Foot Locker, Tomy Hilfinger, Wegelin n’ont pas encore chiffré le préjudice d’une nuit d’horreur commerciale au soir du premier jour des soldes. Des points de stockage avait été organisés dans les rues piétonnes pendant que des groupes pillaient les magasins. Et même un point de revente des produits volés, dans la rue Vicat. Révélations hier au procès, de la présidente Emmanuelle Bouyé. Des témoins ont également vu des cartons volés entreposés dans les fourrés du Jardins de ville, et un ballet de voiture venant les récupérer. Ce qui fait plus penser à une organisation commerciale de pillage, qu’à une manifestation contre la mort de Nahel, comme l’a relevé en substance, le procureur Vaillant.
Ce sont donc 40 boutiques qui ont été fracassées en début de soirée délivrant un spectacle ressemblant aux séquelles d’un attentat au lever du jour. Pourtant aucun des jeunes condamné hier ne l’a été pour les destructions de boutiques, mais seulement pour vols. Ceux qui se sont fait attraper sont ceux qui ont trainé.
Les responsables de la casse ont abandonné de bonne heure la scène de leurs méfaits
A part ce prévenu interpellé avec 12 téléphones et 12 tablettes chez IT Mobile ou cet autre sorti de chez Lacoste avec un sac plein, les autres n’ont pas volé grand chose : trois t-shirts et trois parfums aux Galeries Lafayette, sans casier judiciaire, ça vaut trois mois ferme aménagés avec un bracelet électronique pour pouvoir continuer à travailler. Pour deux paires de basket chez Lacoste ou chez Foot Locker, ça fait quatre mois ferme également avec bracelet électronique pour trois autres condamnés.
Même peine pour un autre, le seul à avoir totalement reconnu le vol. Pourtant Son avocate avait plaidé pour un sursis simple. Me Delphine Terepa trouvait que les six mois avec mandat de dépôt requis par le procureur aurait été cher payé pour une seule paire de chaussures volés. Ces jeunes n’avaient pas de casier, mais la prévention était alourdi par le fait d’avoir volé en réunion.
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