En friche depuis trente ans, le tremplin de saut à ski des JO de Grenoble cherche reconversion

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Epreuve de saut à ski sur grand tremplin lors des Jeux olympiques d’hiver de 1968 à Saint-Nizier-du-Moucherotte, près de Grenoble, le 18 février 1968. Epreuve de saut à ski sur grand tremplin lors des Jeux olympiques d’hiver de 1968 à Saint-Nizier-du-Moucherotte, près de Grenoble, le 18 février 1968.

La mousse et l’herbe grignotent la structure en béton, des arbres ont poussé le long des gradins. La nature a depuis longtemps repris ses droits sur le tremplin de Saint-Nizier-du-Moucherotte, infrastructure phare des Jeux olympiques d’hiver de 1968. S’élançant sur une centaine de mètres de long face à la ville de Grenoble, amarré aux pentes orientales du massif du Vercors, l’ancien tremplin a des airs de vaisseau abandonné, attendant d’être tiré de son long sommeil.

« C’est l’un des plus beaux tremplins du monde », s’enthousiasme Franck Girard, maire de Saint-Nizier-du-Moucherotte depuis 2001. C’est d’ailleurs ainsi que l’avaient qualifié, au moment des Jeux de Grenoble, les médias et la communauté sportive. Particulièrement photogénique, la structure donnait l’impression aux concurrents de « survoler Grenoble dans leur élan », soulignait alors un article de presse locale, et les sauts des skieurs avaient été immortalisés par des caméras du monde entier.

Mais de toutes les installations érigées pour les Jeux de Grenoble – qui ont été par la suite détruites ou recyclées –, le tremplin de Saint-Nizier-du-Moucherotte est la seule à ne pas avoir trouvé une nouvelle vie. Trop grand, trop complexe, trop coûteux. « Aucun modèle économique et sportif n’est adapté à remettre en usage ce tremplin, analysait dans un article universitaire André Suchet, enseignant-chercheur à l’Université de Bordeaux. Cette construction n’a pas été pensée comme une installation sportive régionale de saut à ski, mais bien comme un dispositif de médiatisation de la ville de Grenoble et des Alpes du Nord dans le monde, un dispositif quasiment à usage unique. »

Fin d’homologation en 1990

Si le tremplin a ponctuellement accueilli des compétitions pendant les deux décennies qui ont suivi les Jeux de 1968, sa vocation sportive s’éteint définitivement en 1990 après le refus de la Fédération internationale de ski de renouveler son homologation, et alors que de nouveaux tremplins, à l’orientation et à l’enneigement plus sûrs, sont érigés à Courchevel pour les Jeux d’Albertville de 1992.

Après une nouvelle décennie d’hésitation, envisageant tour à tour sa destruction ou sa vente, la ville de Grenoble qui en était propriétaire vend le tremplin pour un euro symbolique à la petite commune de Saint-Nizier-du-Moucherotte.

Depuis, nombreux sont ceux à avoir eu des velléités de redonner une nouvelle vie à la structure. Les projets et idées, plus ou moins aboutis, se sont bousculés : parc d’activités ludiques de nature, lieu d’exposition, mur d’escalade, restaurant d’altitude… Mais les études pour estimer le coût de la réhabilitation du site se sont elles aussi accumulées et, face aux effets du temps, ce coût a augmenté inexorablement, jusqu’à décourager tous les porteurs de projets. « On parle forcément de projets à plusieurs centaines de milliers d’euros », souligne Franck Girard.

Le site, qui continue d’attirer les promeneurs et les curieux bien que fermé au public, sert ponctuellement de cadre pour différentes compétitions sportives, a accueilli le tournage d’un clip et l’installation d’un parcours de disc-golf, variante du frisbee en plein air.

Mais malgré ces initiatives, le tremplin de Saint-Nizier a rejoint la liste des « friches » olympiques disséminées à travers le monde, régulièrement pointées du doigt pour contester la tenue des JO. La problématique a de nouveau été soulevée lors de l’annonce de la candidature des Alpes françaises pour les Jeux d’hiver 2030, quand bien même les présidents des Régions Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur, porteurs de la candidature, ont promis des jeux « sobres et économes », utilisant à 95 % des infrastructures déjà existantes.

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Un avocat grenoblois « amoureux fou » du site

De quoi agacer l’édile de la commune, qui ne perd cependant pas espoir pour l’avenir du tremplin. Un nouveau projet occupe depuis un peu plus d’un an la petite commune du Vercors qui, si elle ne peut vraiment participer financièrement, lui a accordé son soutien par une décision municipale. À l’automne 2022, un avocat grenoblois passionné d’architecture, Arnaud Dollet, a présenté aux habitants et aux élus de Saint-Nizier-du-Moucherotte son projet, baptisé « Métamorphose ».

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« Tombé amoureux fou » du site du tremplin en 2021, Arnaud Dollet planche depuis, avec une équipe d’architectes, sur un projet à plusieurs entrées mêlant espace d’exposition et musée permanent, restauration et parc d’œuvres d’art.

Le nouveau porteur de projet estime les seuls travaux de rénovation et de nettoyage à environ 500 000 euros, et son projet total entre 3,5 et 4 millions d’euros. « Les deux bâtiments autour du tremplin, la salle de fartage et la tour des juges, sont globalement en bon état, mais ce n’est pas le cas du tremplin lui-même qui a été exposé aux éléments », souligne Arnaud Dollet.

La somme est importante, mais l’avocat est optimiste : depuis un an et demi, il multiplie les échanges avec la Fondation du patrimoine, auprès de laquelle un dossier est en cours d’instruction pour espérer participer à la Mission du patrimoine. Les travaux pourraient démarrer en 2024, année olympique.

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