A Lyon, Grenoble et Chambéry, la gratuité des transports divise encore

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Gratuité des transports : initiative

Gratuité des transports : un ticket pour la ville ? dossier

Dans les trois agglomérations de Rhône-Alpes, les pouvoirs publics n’ont pas encore franchi le pas de la gratuité des transports en commun. Pour ses opposants, c’est la question du financement sans les recettes de billetterie qui interroge.

Fin décembre, les 500 000 habitants de la métropole de Montpellier bénéficieront de la gratuité des transports dans les bus et les trams. Une mesure à imiter dans toutes les villes de France ? Rendez-vous le 21 décembre, à l’Opéra Comédie pour un débat sur les enjeux de la mobilité.

A Lyon, tarification solidaire et vélos

La gratuité totale des transports n’est pas une priorité dans la métropole de Lyon. En revanche, depuis le 1er janvier 2021, une tarification solidaire a été massivement étendue par la nouvelle majorité écologiste de la métropole, où vivent 1,4 million d’habitants. Les bénéficiaires du RSA, les allocataires âgés, porteurs de handicap ou les personnes en attente de régularisation peuvent emprunter sans frais le vaste maillage de métros, trams et bus du Grand Lyon. Aux 70 000 abonnés qui bénéficient de cette facilité s’ajoutent 86 000 usagers précaires profitant d’un tarif réduit, à 10 euros par mois : personnes non imposables, inscrites à Pôle Emploi, retraités ou élèves boursiers. Ainsi, sur 500 000 abonnés, 96 % d’entre eux ont un reste à charge, déduction faite de la part employeur, allant de 0 à 35 euros, quand le plein tarif s’élève à 69,40 euros par mois.

«Cela reste très compétitif par rapport à la voiture, ce que les gens souhaitent avant tout, ce n’est pas forcément de ne pas payer mais une amélioration du service. Et notre problématique reste de trouver de nouvelles recettes, pas d’en enlever», fait valoir Bruno Bernard, président Les Ecologistes (anciennement EE-LV) de la métropole et président de Sytral Mobilités, l’autorité organisatrice des transports de 66 communes du Rhône. Les recettes de la billetterie des Transports en commun lyonnais (TCL), deuxième réseau urbain de France, s’élèvent chaque année à 280 millions d’euros. A ce jour, la majorité métropolitaine estime impossible de se passer de ces revenus, complétés notamment par des emprunts (15 %) et la contribution annuelle des collectivités membres du Sytral (20 %).

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Pour répondre à une demande des groupes d’opposition, le Grand Lyon a créé en mars une cellule de travail transpartisane pour alimenter les réflexions nationales et locales sur les enjeux de financement et de tarification. «L’optique est de partager des conclusions, qu’on étudie des solutions, explique Bruno Bernard. Car les transports en commun, ce n’est pas une question de gauche ou de droite, c’est comment on fait fonctionner au mieux, comment on finance.» Et de souligner la nécessité de privilégier une vision globale de la mobilité : «Les axes forts de notre politique visent à continuer à développer la marche et le vélo, rappelle l’élu. On est déjà presque à saturation sur des lignes fortes des TCL, or la gratuité pourrait par exemple concurrencer le vélo.»

A Grenoble, entre agglo et mairie, de la friture sur la ligne

A Grenoble, l’enjeu relève d’abord d’une «volonté politique», estime le Collectif pour la gratuité des transports publics de l’agglomération grenobloise (CGTPAG), qui réunit syndicats, partis politiques et groupes citoyens. Depuis plusieurs années, sa charte proclame qu’il s’agit d’une «mesure sociale, écologique et de santé publique», qu’«il y a urgence» et que «c’est possible». En septembre, un allié de poids a remis le dossier sur le haut de la pile : Eric Piolle, le maire Les Ecologistes de la ville. Dans un courrier adressé à ses administrés pour justifier la hausse de la taxe foncière, il a annoncé «des mesures sur les déplacements avec une gratuité des transports début 2024 pour les personnes les moins aisées». Mais l’élu est loin d’être décisionnaire sur ce sujet, qui dépend en fait du Syndicat mixte des mobilités de l’aire grenobloise (Smmag), qui opère dans les 49 communes de la métropole de Grenoble (450 000 habitants).

«Nous cherchons une méthode administrative efficace pour proposer des bus et des tramways gratuits aux habitants de Grenoble en précarité financière. J’espère que ce sera le plus tôt possible», a expliqué en octobre Eric Piolle à Actu.fr. Cette mesure faisait partie des promesses de sa campagne de 2020. Tout comme le fait de proposer un accès libre au réseau le week-end. Cette dernière décision serait «possible financièrement», considère l’édile isérois. Pour le CGTPAG, il s’agirait d’une «première étape», possiblement financée par une faible augmentation de la part employeurs, quand la contribution des usagers représente 17 % du budget à Grenoble.

De son côté, Christophe Ferrari, président divers gauche de la métropole de Grenoble depuis 2014, estime que «la gratuité totale revient à se priver de recettes colossales, au détriment des investissements pour le développement et l’amélioration du réseau de transport en commun et du matériel roulant». Sa priorité reste de «renforcer l’offre de transport». Pour autant, des mesures solidaires ont déjà été mises en place ces trois dernières années : la gratuité totale pour les moins de 5 ans et celle pour les moins de 11 ans les mercredis, samedis et dimanches. Par ailleurs, près de 130 000 personnes bénéficient d’un tarif d’entrée à 2,50 euros par mois. Et à ce jour, près des deux tiers des abonnés des transports en commun grenoblois paient moins de 20 euros par mois pour se déplacer.

A Chambéry, la gratuité toujours au point mort

La mobilisation sur la gratuité piétine à Chambéry, malgré des «arguments assez fouillés», regrette Muriel Boussuge, secrétaire de l’union locale de la CGT. Et malgré le fait que cette revendication ne date pas d’hier dans l’agglomération de 140 000 habitants, qui compte un tiers de la population de la Savoie. En 2019 a été créé le Collectif pour la gratuité des services publics, qui regroupe des partis politiques de gauche, des syndicats, des associations et des mouvements citoyens, à l’initiative de réunions publiques régulières ces dernières années. Une échéance ravive leur détermination : le marché de délégation de service public, détenu par Keolis, pour piloter le réseau de bus du territoire arrive à échéance en juillet. Les modalités de son renouvellement restent à négocier.

«Ce groupe bénéficie d’une clause de remontée de bénéfices à hauteur de 80 %, or pendant le Covid, comme les bénéfices ont été moindres, il a reçu une compensation de la mairie et de la métropole», explique Muriel Boussuge. Alors le collectif réclame que «cet argent public soit davantage mis à profit des usagers et des salariés». Les recettes de la billetterie représentent 14 % du budget de l’opérateur. «Il est parfaitement possible de financer ce manque à gagner, estime la responsable syndicale. Une alternative serait d’augmenter la participation transports des employeurs et de réaffecter les personnels de contrôle sur d’autres missions.» En jeu, l’urgence de diminuer le trafic automobile et la pollution qu’il provoque, tout en garantissant les acquis sociaux des employés du réseau.

Ces propositions ont trouvé peu d’écho auprès de l’ancienne majorité municipale, dirigée par le maire de droite (UMP puis LR) Michel Dantin jusqu’en 2020, et auprès de l’exécutif de la métropole du Grand Chambéry, sous une présidence LR jusqu’en septembre. En 2020, l’ancien ministre de gauche Thierry Repentin a repris les rênes de la ville, avant d’être également désigné président de la métropole à la rentrée. Mais le Collectif pour la gratuité des services publics continue de se voir opposer «une fin de recevoir à [leurs] demandes de rendez-vous sur le sujet de la part de la présidence et de la délégation en charge des transports», regrette Muriel Boussuge.

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